Genève — rues arpentées des déchets sociaux, des voyous, des stupéfiés, des somnambules. Retranchés dans les officines les fonctionnaires administrent contre émolument l’ordre apparent de notre “ville de paix”.
Mois : mars 2011
A défaut de génie de Nourrissier avant d’éteindre et de chercher le sommeil. Aussitôt rêve d’une lecture publique : j’hésite devant la page de mon propre livre, ne peux déchiffrer les mots, les phrases et impatiente le public. Je m’excuse: les situations sont dessinées et il me faut interpréter chaque dessin pour saisir le sens général. Réponse inconsciente à la syntaxe en circonlocutions de Nourrissier.
Equerrage de la salle de bains. Brouillé avec la mathématique, ce depuis mes 12 ans. Le plombier et le chauffagiste, perplexes après que j’ai signalé une cloison asymétrique, cherchent l’erreur. Cherchent à la théoriser. Nous dessinons au sol, contre les murs. Ils prétendent que j’ai tort, je tiens bon. En fin de compte, par le raisonnement, nous trouvons 20 centimètres d’ouverture à rectifier.
Les Roumains (bien qu’il y ait deux polonais dans la nouvelle équipe). Depuis qu’ils savent quel salaire je paie à l’heure, en plus de travailler avec force, énergie et décision, travaillent le sourire aux lèvres. A ce prix-là, ils démoliraient la maison pour le plaisir de la reconstruire. Les chantiers que je désigne (crépi, chape, murets, marches, dallage, peinture…) suscitent une réponse invariable: “pas de problème”. De fait, comme je m’absente pour répondre au téléphone, les voici à l’oeuvre. Débarqués d’une petite auto samedi matin à 8h30, repartis ce dimanche à quatorze heures, ils ont cumulé 45 heures de travail. La semaine ils font leurs 50 heures dans le bâtiment, le week-end ils transforment ma maison en palais rustique.