Sur­vivance du Fran­quisme dans l’Es­pagne de 1977, un gar­di­en muni d’un petit fou­et dont le méti­er con­sis­tait à arpen­ter une dizaine de rues. Levé de bon heure, il se met­tait en marche et se prom­e­nait jusqu’au soir, avec inter­rup­tion pour la sieste, durant laque­lle les lar­rons ne sauraient sévir (ce qui sem­ble faux, car je me sou­viens qu’en­fant, comme je ne dor­mais pas, j’al­lais dans les salles de jeux ou aux abor­ds des cafés afin de pren­dre une glace et qu’il ne restait, pré­cisè­ment, que les voy­ous, ceux qui n’ont pas d’ho­raire, ceux qui occu­pent leur corps sans pro­jet et pour qui toute occa­sion devient pro­jet). Notre groupe d’en­fants n’avait pas con­science de la rép­ri­mande pos­si­ble lorsquil démolis­sait un mur, allumait un feu ou péné­trait dans un ter­rain vague. Nous savions que le gar­di­en n’é­tais pas loin, et n’y pen­sions que lorsqu’il sur­gis­sait devant nous, trop tard donc.