Octobre — traversée de l’Espagne à vélo, d’Oviedo à Séville. Premières étapes sur les sentiers de la Via de la plata, puis à partir de Guijuelo, cité du cochon noir, la N‑635. Régime habituel, inchangé depuis le voyage sur le chemin de Saint-Jacques en 1991: dix heures de route interrompues pour le café et le menu ouvrier de midi (en fait, à deux heures). Le soir, bar à bières. Cette fois nous roulons avec peu de bagages. Le paysage est austère et misérable dans les Asturies, il se colore au-dessous de Salamanque. Sensation de silence pétrifié. Les paysans sont rares. Les villages trapus et sombres. Mais l’étendue, le ciel donnent au pays sa puissance. A l’étape, les gens sont aimables et directs. Vivants. Entiers. Le cinquième jour, nous passons les 900 kilomètres. A l’entrée de Séville nous sympathisons avec un juge qui roule devant nous. Il fait le guide et nous amène jusqu’à la cathédrale. Fatigués et content, nous cherchons un hôtel pendant deux heures et ne le trouvons qu’à la nuit, en banlieue.