Dans le car, une jeune fille dis­crète. Jeans apprêtés, chaus­settes à pom­pons. Trois heures de suite, pieds à plat, symétriques. La frange net sur le front, de grands yeux blancs et som­bres. De temps à autre, elle pian­ote sur son portable et par­le dans un micro qu’elle tient con­tre ses lèvres. Son porte-mon­naie tombe. Je le ramasse. Elle tend la main, le récupère sans me regarder, ne remer­cie pas. Pour­tant, à l’ar­rêt du bus, comme le nom de la gare n’est pas affichée et que nous deman­dons où nous sommes, elle se ren­seigne pour nous. Puis elle s’in­cline et reprend sa position.