La morale dans le discours, cette confesse qui dispense de l’action qu’elle propose.
Mois : juin 2009
En mai 1989, nous avons atteint l’équilibre. Nous étions quinze ou dix, sept au moins, pas reliés, disponibles, amicaux, heureux et indifférents et devant nous étaient les heures. Chacun proposait. On répondait ou on se taisait. Si on partait, on partait à plusieurs, pour un jour, une nuit ou plusieurs jours, sans fermer la porte, sans s’habiller, sans souci.
A vélo avec les enfants. Avant d’emprunter la laie forestière, nous saluons C. Retraité depuis peu, massif, il est dans son jardin et débrouissaille. Midi, il a de peine à parler. Choisit ses mots, qui viennent de loin, s’efforce de les dire à part soi avant de les disposer dans la phrase qu’il dira. Du vin circule dans ses veines, sous le soleil les ânes remuent.
Ecrivains autour de moi, des amis.
Celui qui s’enferme, travaille dix heures par jour, déchire, reprend. Ne peux jamais achever, fait des projets, obtient parfois une heure de notoriété. Plus tard, il sera cité dans quelque anthologie et il y aura un doctorant pour le connaître sur le bout des doigts.
Celui qui se gomine, court les salons et les éditeurs, va à Paris, drague, fait un film ou une bande-dessinnées en passant. Plus tard — bientôt — il disparaîtra.
Celui qui fait sa tâche, creuse son sujet, cherche à refléter les problèmes de société, prend des commandes et les honore. Plus tard il sera l’écrivain officiel, et durera un temps.
Celui qui écrit un grand oeuvre, maudit les passe-droits, rend service aux autres écrivains mais n’aiment pas leur façon, produit aussi des oeuvres secondaires, en quantité, se tape la tête contre les murs, boit trop, oublie de se doucher, écrit encore. Plus tard, il sera reconnu et personne ne le lira.