Mois : avril 2009

Gim­brède — ce con­sul qui vis­ite ma mai­son est ravi de me racon­ter que l’été passé, sur la plage de Port Mores­by, tout en l’en­tre­tenant, un papou dévo­rait un pied d’homme.

Dis à quelqu’un qu’il a à crain­dre et son appréhen­sion du monde sera craintive.

Faire con­naître son oeu­vre ou se faire con­naître. Cette con­fu­sion a per­du l’art.

Plac­er sa tête entre le pouce et l’in­dex, ser­rer de façon à sen­tir le crâne et penser au “soi” est un exer­ci­ce qui fait sen­tir le vide.

Aujour­d’hui je me sou­viens du sen­ti­ment éprou­vé à douze ans pour une écol­ière de mon âge. Je me sou­viens de ses cheveux, de sa façon, de ce qu’elle dis­ait, était, m’in­spi­rait. Je m’en sou­viens parce que, ne por­tant pas ma main sur elle, je n’ai pas exténué mon imagination.

Un musée où il n’y aurait d’autre chose à voir que le regard d’un autre peu­ple sur nous-même.

Nos enfants nous trou­vent-ils sérieux? L’im­por­tant est qu’ils nous trou­vent, la ques­tion du sérieux vient après. Et si sérieux il ne nous trou­vent pas, ils s’ef­for­cent de nous con­sid­ér­er comme tels.

Il neige dans toute la France. Mar­seille, Nice, Toulouse sont arrêtées. Les avions cloués sur le tar­mac, les auto­mo­bilistes hél­itreuil­lés. Ici, dans le Beau­for­t­ain, milieu des Alpes, il tombe une poudreuse qui me per­met de sor­tir chercher mes bières en chausettes.

Des mes par­ents j’ai appris l’or­dre et la désobéis­sance. Aucun des deux n’a de place dans la société actuelle.

Notre civil­i­sa­tion mod­erne a atteint son acmé dans les mod­èles européens des années qua­tre-vingt (trois ou qua­tre pays.) A ce stade, per­fec­tion­ner l’ac­quis, impli­quait de refuser les prérog­a­tives démoc­ra­tiques à la par­tie la moins capa­ble de la société. Le choix inverse — exten­sion du marché au monde — a favorisé dans la masse les com­porte­ments d’in­er­tie, lesquels finiront pas emporter toute cul­ture de la liberté.