Mois : avril 2009

Le véhicule lancé à bonne vitesse perdit une roue, puis deux et trois. Il en restait encore trois, bien­tôt per­dues. D’où l’idée d’en ajouter au départ pour durer.

Etre quelqu’un dans le popos, autre dans les actes. C’est le con­traire de la sagesse, ce n’est pas le con­traire de la philoso­phie occi­den­tale dont l’his­toire fait affaire de ce différend.

On dit, j’en­tends dire, tu es un ado­les­cent. Ce qui sig­ni­fie qu’adulte j’agis en dehors de mon âge. Ce qui sig­ni­fie que mon repère n’est pas l’homme d’en face, l’adulte, ni moi-même adulte.

Le pro­jet de faire une philoso­phie-fic­tion à par­tir d’une mise en sit­u­a­tion cal­culée. Je me rends dans ce pays, me fourre dans telle ville et laisse faire. A la fois sus­pect et bizarre. Tourn­er le dos à ce qu’on con­naît, y revenir par des chemins détournés. Comme si le réel dans lequel l’ex­is­tence quo­ti­di­enne nous noie était aphone.

Il y a vingt-sept ans sur le port de Lutry, une fille quitte le pont du Lau­sanne, s’en va sur le port. Affaire d’une minute qui se fiche dans la con­science extasiée.

L’idéal­isme a un effet com­pen­satoire. Plus on agit dans le monde, plus l’idéal­isme devient l’a­panage des autres — sans qu’on sache d’ailleurs qui, sinon par les textes des grands brûlés. Pire: lorsqu’on y con­fronte le bon­heur, on ne sait plus com­ment le manip­uler, l’ad­met­tre en soi ‑on le con­state en anthropologue.

Qu’un seul dans le groupe ne soit pas hon­nête et votre hon­nêteté vous con­damne. Jésus.

Exprimez des sen­ti­ments con­traires, vous ne serez pas con­voités. Leçon apprise des ambitieux qu piaf­fent, se bous­cu­lent à l’a­vant-scène — leurs sourires sont des culs.

Deux trains par­tent à la même heure. Il y a des obsta­cles. Ils passent. Aux fenêtres les pas­sagers applaud­is­ent. En gare, per­son­ne ne se regar­dait, cha­cun avait son bil­let, sa des­ti­na­tion. Désor­mais ils ser­rent les coudes.

Si on veut dire ce qu’on pense, il faut pren­dre deux mesures: se faire un ami et acheter une tente solide.