Pluie, brouil­lard, champs inondés à Lhôpi­tal. Les arbres touchent le sol, les chats filent.
Ven­dre­di — ren­tré tôt avec ce poulet que je traîne dans mon cof­fre depuis lun­di. Et seul.
L’une ne veut plus me voir pour ne pas tomber amoureuse, l’autre ne veut plus me voir… mais pourquoi? Et d’abord où est-elle? 49 ten­ta­tives d’ap­pel hier. A chaque fois dix son­ner­ies puis le vide. Toutes les deux heures, mes­sage d’in­sultes ou provo­ca­tion. Dans l’in­ter­valle , la cal­culette crépite, les négo­ci­a­tions ont lieu avec des fes­ti­vals, des pièces, des con­certs et des galas, des con­férences, des ceci et des cela. Et dans la rue, igno­rance générale, veu­lerie et pas d’af­fich­es. Les fonc­tion­naires par mil­liers arrachent les affich­es que nous posons et met­tent la cul­ture à la poubelle. L’ar­gent rem­plit notre caisse, l’E­tat l’ou­vre et se sert.
Puis chant des enfants dans l’aula du col­lège Calvin. Pour Haïti. Par­ents invités à vers­er l’obole. Bons sen­ti­ments, déc­la­ra­tions, enfants épuisés — les nôtres — venus répéter le matin, repar­tis et revenus.
Plus tard, seul, au restau­rant des espag­nols, le pro­prié­taire et sa famille man­gent une raclette. Dans un coin je bois. Au téléviseur, un jeu à esbrouffe, en direct de Gal­ice. La nuit au bureau. Pas de fenêtres. Sac de couchage, chaleur plane. Véri­fi­ca­tion des télé­phones. Derniers messages.