Dormitez monte l’escalier. Deux ans que je ne l’ai pas vu. Il tremble. C’est désormais visible de loin. Sa main devant lui. L’autre tient un livre. A la couleur de la jaquette, je devine qu’il s’agit de littérature espagnole classique, c’est son domaine, mais je suis surpris de le croiser à l’université, dans un dernier message il écrivait: je suis à la retraite.
- Il y a toujours quelque chose à vérifier. Et vous? demande-t-il aussiôt.
Une fois de plus, je me fais piéger: je réponds. C’est sa façon pour ne rien dire, pour ne pas parler de lui. Modestie, gêne. J’explique que je rentre d’Espagne. Il a neigé sur les collines de Castille et nous sommes descendus au sud. Deux heures plus tard, je nageais dans la mer.
- Vous voyagez tellement!
J’aimerais l’inviter, mais je sais que cela le gêne. L’idée qu’il puisse se sentir gêner, l’empêche par avance de profiter de cette invitation. Je connais ça. Nous nous saluons. Il s’en va, passe la quadruple porte de la bibliothèque. A la réception, tout sourire, il tremble. Les mains mais aussi la tête.