Mois : avril 2008

Elle n’o­sait pas me dire, elle est enceinte. Est-ce que je suis con­tent? Bien sûr que je suis con­tent. Quand on est con­tent et con­va­in­cu que c’est ce qui pou­vait arriv­er de mieux, ce con­tente­ment doit-il vous rem­plir comme un sen­ti­ment fort? Cer­taine­ment. Il ne le fait pas. C’est que je suis con­tent pour elle, or c’est le con­te­ment mutuel, la sat­is­fac­tion des égoïsmes respec­tifs qui emplit le corps pro­pre de chaleur. Con­tente­ment moral alors? J’au­rais souhaité tout autre chose. Quand tout autre chose est impos­si­ble, il faut aller au mieux.

Les motos chi­nois­es sont arrivées. La poste privée assure les avoir livrées. Nous n’en avons pas trace. La poste:
- Notre cour­si­er a une sig­na­ture.
On me dit le nom de celui qui a signé. C’est mon col­lègue.
- Tu aurais signé comme ça, sans réfléchir?
Il ne sait pas. Pas de motos. Elles sont payées. Elles ont quit­té la Chine. Elles sont arrivées en Suisse. Elles ne sont nulle part. Le lende­main, mon col­lègue:
- J’en ai cauchemardé toute la nuit.
- Ils vont rap­pel­er, ils cherchent, lui dis-je.

Pro­pos cinglants dans le cours de la con­ver­sa­tion. On quitte le lieu com­mun, on est bien­tôt seul, voici le large.

Croire qu’on veut autre chose aide à faire ce qu’on fait.

Les sectes inven­tent aux patients de faux sou­venirs cul­pa­bil­isants dont elles se por­tent guérisseuses.

En mil­i­tant pour l’op­ti­misme, on trahit son désar­roi et on prou­ve son courage. L’artiste qui pose le pes­simisme en principe, sauf à suc­comber, en dis­serte avec joie. Cer­tains suc­combent: au bout de quelques livres, faute de pra­ti­quer le cynisme, le souf­fle manque et ils étouffent.

Détru­ire un demi portager pour semer de l’herbe d’a­gré­ment appa­raî­tra peut-être dans un avenir bref comme un geste fou. Mais se déter­min­er aujour­d’hui sur des pécu­la­tions est encore plus fou. On a un peu d’a­vance, guère plus; c’est le pou­voir de la raison.

N’im­porte qui est antiraciste. Sans réflex­tion, sans expéri­ence. Adhé­sion sim­ple au dis­cours majori­taire. Les mêmes étaient et seront fascistes.

Sur la plage de Guardamar des gitans créent des châteaux de sable impec­ca­bles. Ils y tra­vail­lent tout le jour. Vapor­isa­teur de colle d’ami­don, palettes, tru­elles, pinceaux fins sont leurs out­ils. Le soir les bour­geois qui défi­lent sur le quai, en sur­plomb de la plage, jet­tent des pièces. A la nuit, les gitans se roulent dans leurs sacs de couchage.

Pla­ton vic­time de l’in­tel­li­gence dis­cute. Vic­time de la dis­cus­sion (plus tard) il tranche.