Elle n’osait pas me dire, elle est enceinte. Est-ce que je suis content? Bien sûr que je suis content. Quand on est content et convaincu que c’est ce qui pouvait arriver de mieux, ce contentement doit-il vous remplir comme un sentiment fort? Certainement. Il ne le fait pas. C’est que je suis content pour elle, or c’est le contement mutuel, la satisfaction des égoïsmes respectifs qui emplit le corps propre de chaleur. Contentement moral alors? J’aurais souhaité tout autre chose. Quand tout autre chose est impossible, il faut aller au mieux.
Mois : avril 2008
Les motos chinoises sont arrivées. La poste privée assure les avoir livrées. Nous n’en avons pas trace. La poste:
- Notre coursier a une signature.
On me dit le nom de celui qui a signé. C’est mon collègue.
- Tu aurais signé comme ça, sans réfléchir?
Il ne sait pas. Pas de motos. Elles sont payées. Elles ont quitté la Chine. Elles sont arrivées en Suisse. Elles ne sont nulle part. Le lendemain, mon collègue:
- J’en ai cauchemardé toute la nuit.
- Ils vont rappeler, ils cherchent, lui dis-je.
Sur la plage de Guardamar des gitans créent des châteaux de sable impeccables. Ils y travaillent tout le jour. Vaporisateur de colle d’amidon, palettes, truelles, pinceaux fins sont leurs outils. Le soir les bourgeois qui défilent sur le quai, en surplomb de la plage, jettent des pièces. A la nuit, les gitans se roulent dans leurs sacs de couchage.