Eugène

Ionesco meur­tri par la ques­tion de la mort au point de juger dérisoire ce qui fait la vie, d’où son absurde. 

Regrets

Qu’ai-je fait de mes années les plus pré­cieuses? Le meilleur, toujours.

Belle affaire

Rêve des demi-fous de la val­lée du Sil­i­cone, habiter une autre planète. Si c’est pour l’habiter comme la terre.

Facture

Le voisin du deux­ième dans l’as­censeur. Il remar­que la fac­ture de “dépol­lu­tion de l’eau” que je viens de tir­er de ma boîte à let­tres. Il me demande ce que c’est, quand je l’ai reçue, quelle somme je dois. Quand il voit que je dois HUF 5950.- (env­i­ron 15.- francs), il est soulagé comme s’il venait d’é­conomiser de l’argent.

Rémanence

Ce qu’il savait, il ne le savait pas longtemps.

Totalitarismes

Tout pro­jet total­i­taire passe par la con­fis­ca­tion du lieu de vie. Une action qui rend impos­si­ble le fait d’être soi-même quelque part.

Tribune

“Il s’est jeté par la fenêtre”, écrit un jour­nal­iste de la Tri­bune qui ignore que l’on peut se défenestrer.

Société

L’anony­mat c’est bien, l’in­vis­i­bil­ité c’est mieux.

Orient

Les monar­ques indi­ens dont la couronne ressem­ble à un fenouil.

Obscurantisme

Le pro­jet d’écrire ce Syn­drome d’ob­scu­ran­tisme est venu après un énerve­ment. Gala m’en sera témoin, je ful­mi­nais. Le soir encore, je n’é­tais pas calmé. D’ailleurs, il ne faut pas dire pro­jet mais bien écri­t­ure, car aus­sitôt j’ou­vrais un cahi­er pour y vers­er ma stu­peur. Que dis­aient donc ces opposants de l’op­po­si­tion non-con­trôlée, ceux que j’é­coute sur la foi de leur engage­ment anar­chique ou lib­er­tarien analyser, cri­ti­quer et défaire les poli­tiques d’E­tat, le mon­di­al­isme de la haine ou la coloni­sa­tion par l’im­mi­gré? Qu’il faut un “retour au chris­tian­isme”! Bon dieu, qu’un croy­ant pro­fesse ce sésame, c’est enten­du mais des révoltés de la rai­son? Et ce n’é­tais pas que ces fig­ures médi­ati­co-numériques, mais l’a­mi B. Lui aus­si se fendait d’un mes­sage sur mon télé­phone : “il est temps de refonder la reli­gion”. Quelle folie! Donc, j’al­lais écrire et même je com­mençais un Syn­drome d’ob­scu­ran­tisme. L’én­erve­ment retombé, des ren­dez-vous me ret­inrent, puis la tra­ver­sée du Bal­a­ton. Ce matin, ayant survécu à une autre nuit à trente degrés dans le dis­trict XIII de Pest, je me suis promis de ne rien faire de ma journée. Joignant l’acte à la parole, j’é­tais à midi au pre­mier étage du marché Lehel dans mon “söröző” favori, huit tables en ronds de métal devant un comp­toir que fréquentent des ivrognes tran­quilles. Je suis le seul client à ne boire que de la bière. Les autres l’u­tilisent pour arroser les alcools. Ensem­ble, nous pas­sons là des heures à regarder les gens du quarti­er s’in­ter­roger devant les vian­des, légumes, laitages et ces jours les pastèques. A la sec­onde canette, je me félic­i­tais. Je ne fai­sais rien. Puis j’ai pris le cahi­er. Posé quelques phras­es. En début d’après midi, l’én­erve­ment causé par l’idée d’un “retour au chris­tian­isme” m’ayant repris, je ter­mi­nais le texte. Exces­sif, excla­matif, ludique et fleuri, c’est une harangue, c’est un pamphlet.