La classe finie, je disais à la maîtresse d’école dont j’étais l’invité, “Anna m’a parlé de toi…”, et suspendais la phrase forcé d’admettre que la maîtresse était aux côtés d’Anna lorsque cette dernière s’était adressée à moi et que je ne pouvais prétendre séduire cette maîtresse si j’étais incapable de me souvenir de sa présence lors d’un repas tenu deux jours plus tôt, mais comme on fait en de pareilles circonstances, plutôt que me taire, je poursuivais, “excuse-moi, cette confusion est liée à l’antigéométrie et à l’irrationalisme… tu fais également partie de ce mouvement, n’est-ce pas?”. Sans comprendre, la maîtresse hochait la tête et je songeais “tu sais que cela ne sera pas possible, elle manque de vivacité, ne comprend ni ne comprendra!”
Mois : novembre 2017
Information
La synchronisation de l’esprit avec les machines de traitement de l’information bloque la critique, celle-ci exigeant une temps désormais indisponible; mais dans la mesure où l’esprit ne peut assimiler une information sans la soumettre à critique, l’information et sa critique sont fabriquées simultanément sur décision de l’émetteur. L’information brute que nous croyons assimiler par la critique est une information semi-brute qui contient sa propre critique.
Michael Jackson
Michael est assis sur la banquette arrière. Je suis à son côté. Le chauffeur se gare. Je sors de la camionnette, sécurise les abords, sans me retourner frappe contre la vitre. Au signal, l’autre garde du corps quitte la camionnette avec Michael. L’artiste va devant, l’escorte derrière, j’ouvre la voie. Soudain l’attaque. Deux fans armés d’AR-15. J’abats le premier d’une balle de 9mm dans la tête, le second fuit, je le touche à l’épaule, puis au cou, il tombe, je recule, tire deux fois pour couvrir ma retraite tandis que l’escorte couvrant Michael de son corps l’embarque dans la camionnette. Le chauffeur démarre, m’embarque et quitte le hangar. Exercice complété dans les règles de l’art une fois sur trois.
Un homme normal
Une fois de plus, un procès m’est intenté. La plainte est le fait d’un homme normal, et j’insiste sur le qualificatif. Peu importe le fond de l’affaire, ce qui m’intéresse, me fascine et me désespère, c’est cette psychologie primitive qui consiste à exiger que les instances rétablissent par le droit et la sanction une norme que l’on juge bafouée. Je m’explique — cet homme dont je parle, celui qui intente le procès, est ce genre de caractère qui a mis en équation liberté et règlements. A ses yeux, il n’existe de liberté que dans les limites définies par les règlements. La liberté n’est pas un concept à réaliser mais une mise en conformité. Que ces règles changent dans le temps n’y fait rien (ce fait qui devrait ramener au concept par la critique demeure lettre morte). Dès lors, toute individu qui par ses agissements illustre une liberté incompatible avec les règles doit être mis en procès. Raisonnement aussi certain qu’effrayant. Dont je m’apprête à faire les frais.