Mois : avril 2015

Départ

Dans le train Fri­bourg-Genève avec Aplo. L’avion pour l’Es­pagne décolle à 6h10 demain matin. Le bureau de Genève sert de point de ren­dez-vous, nous y dormirons. Sen­ti­ment habituel: tout ira bien lorsque j’au­rai pris place dans l’avion. En atten­dant, ce ne sont que dif­fi­cultés. Entre dix-sept et dix-huit heures, je dois dis­cuter avec Olof­so, aller chercher Gala à la gare et pren­dre en charge mon neveu qu’amène sa mère laque­lle est en con­flit avec Mon­frère (celui-ci est par­ti dormir ailleurs, Gala ne voulant pas le crois­er). J’avale une can­nette chez le Gali­cien en com­pag­nie d’Olof­so puis descend à Cor­navin. Au bistrot, je com­mande une sec­onde canette. Le télé­phone sonne. Gala se tient sur le trot­toir en face du bistrot. Je tends un bil­let de Fr. 50.- à la som­melière, le seul que j’aie en poche, et sors. Je tire la valise de Gala jusqu’au bistrot. Un cou­ple se plaint de ne pou­voir dis­pos­er de la table que je viens de quit­ter. Je mon­tre ma canette à demi-pleine.
- Oui, dit la femme, mais c’est la mailleure table.
La som­melière me rend mon bil­let de Fr. 50.- ce qui clôt l’af­faire. Gala fatiguée, maquil­lée, agres­sive, exige alors que je m’ex­cuse pour l’in­ci­dent de jeu­di. Elle change d’avis en renonçant à venir à Fri­bourg alors que j’ai tout organ­isé, attend pour me l’ap­pren­dre que je l’ap­pelle et exige des excus­es.
- Tu m’as insultée, tu as par­lé d’un com­porte­ment de mal­otru!
Tech­nique rodée, à laque­lle je fais face depuis des années: mépris­er l’autre, le pouss­er dans ses retranche­ments, puis exiger des excus­es quand celui-ci hausse le ton. Du théâtre. Sans intérêt, mais pénible, mal­hon­nête, exas­pérant. Je com­mande un autre canette, verse un peu de ma bière dans le verre de Gala, qui veut boire, mais ne veut pas com­man­der un verre entier… Nous voici sur la rue du Jura (j’évite la rue de la Servette: moins l’on croise de pas­sants dans ce quarti­er-poubelle mieux c’est): je tire la valise de Gala, elle marche der­rière, un air fer­mé sur le vis­age. Au bureau, nous retrou­vons Luv, Aplo et mon neveu. Ils ‘amusent. Gala entre et fixe Aplo. Au lieu de l’embarsser elle dit:
- C’est comme ça que tu me reçois?
Puis elle me fait dépos­er sa valise dans la cui­sine où nous dormirons sur des mate­las jetés à terre.
- Il faut que tu fass­es la morale à Aplo… Ce n’est pas ain­si qu’on se com­porte!
Pen­dant ce temps, j’or­gan­ise le pique-nique des enfants, prévoy­ant de les couch­er tôt.
- Que fais-tu?
- Je pré­pare des sand­wichs.
- Quand vas-tu cess­er de jouer les papa-poule?
Gala m’en­voie alors chercher de la bière. Lorsque je reviens du kiosque, je la trou­ve qui rép­ri­mande Luv. Le ton est d’une telle agres­siv­ité que Luv réplique. J’in­ter­viens. Je ramène Gala dans la cui­sine, ferme la porte. J’ob­tiens une heure de répit. Après quoi, la bière aidant, elle s’agite, men­ace de ne pas venir en Espagne, se plaint qu’elle est malade, que nous n’avons aucune con­sid­éra­tion pour sa mal­adie, qu’elle ne sup­porte plus d’être insultée, et sort. Je l’en­tends qui traîne sa valise à tra­vers le couloir. Arrivée à la porte prin­ci­pale, elle la trou­ve ver­rouil­lée. Elle veut revenir dans la cui­sine. Entre temps, j’ai fer­mé, je me suis couché. Elle tra­verse le bureau, enjambe les enfants qui dor­ment, sort. Nous par­tons en Espagne sans Gala.