Dark

Dans la val­lée d’à-côté vit un ama­teur de musique extrême col­lec­tion­neur de vinyles. Cheveux longs, des chiens devant une ferme isolée. Je l’ai vu une fois il y a qua­tre ans à la fête du vil­lage. Depuis, il enquête sur les dis­ques que je con­voite (Altarage, Wiege­dood, Amen­ra, Chat Pile), me les obtient, achète de même, m’en­voie des pho­tos de ses ver­sions lim­ités, vante la couleur du vinyle ou le visuel de la pochette, et il me tient au courant des con­certs qui se jouent dans des caves reculées, sous des villes incer­taines, mais il pré­cise: “vas‑y si tu peux, moi je ne peux pas m’éloign­er il y a les chiens et le troupeau”. 

Originalité

Vas­sili Rozanov, car­ac­tère orig­i­nal dif­fi­cile à com­pren­dre. Quand le pré­faci­er nous dit com­ment le com­pren­dre, c’est lui (Boris de Schloez­er pour l’édi­tion Champ Ivrea de l’Apoc­a­lypse de notre temps) que l’on peine à com­pren­dre. Para­doxe de ce russe mys­tique qui ne se veut ni écrivain ni artiste mais crée et annote, il con­fesse dans Esseule­ment une liste d’artistes et d’écrivains dont le génie, l’in­tel­li­gence, l’o­rig­i­nal­ité le sur­passent si bien qu’il ne les com­prend pas.

Adorno

“Comme, avec la dés­in­té­gra­tion du moi, le nar­cis­sisme est privé de son objet libid­i­nal, il fait place au plaisir masochiste de n’être plus un moi; et il y a peu de choses sur lesquelles la généra­tion mon­tante veille aus­si jalouse­ment que sur son absence de moi, qui est bien pour elle un acquis com­mun et durable.” Min­i­ma Moralia.

Question sur le bonheur

Pourquoi la société cherche-t-elle sans cesse à vous requérir? Des mois, des années que je mets de la dis­tance, et quelles pro­grès n’ai-je pas fait? Non, elle vous retient: vous êtes un mem­bre, il sem­ble que vous lui apparte­niez. Pour un nou­veau “recours aux forêts”. 

Bonheur 2

Quand les autres s’ex­pri­ment, n’avoir pas à intervenir.

Bonheur

Ne par­ler à personne.

Projets

Rem­pli de pro­jets. Cer­tains en actes, d’autres en attente. Pas­sant des uns aux autres. Sans cesse. La nuit surtout, pen­dant les insom­nies. Au réveil, prise de notes oblig­ée. Sous peine d’ou­bli. C’est ent­hou­si­as­mant, et fatigant. 

Zarautz 5

Organ­i­sa­tion au camp­ing. Chaque chose à sa place. Une glacière extérieure et un frigidaire embar­qué, des tiroirs pour les duvets et les oreillers, des ver­res, des tass­es en nom­bre comp­té, un ordre dans la pré­pa­ra­tion des ali­ments, de la journée, de la nuit. Et une tran­quille promis­cuité due à la prox­im­ité des voisins, des cou­ples de retraités qui assis sur des pli­ants regar­dent devant eux en attente d’un événe­ment, même minuscule. 

Grave (suite)

Trois cent qua­tre-vingt march­es pour remon­ter au camp­ing depuis la plage. Je vois que je peux. Déjà j’en­vie ces coureurs qui grimpent au trot. 

Zarautz 4

Leçon de surf. Voilà au moins ce que je peux trans­met­tre à défaut de savoir surfer. Com­bi­en d’an­nées ai-je passé à rêver de mon­ter sur la planche? Com­bi­en d’ef­forts, de cours, de “spots”. Com­bi­en d’oc­ca­sions de Kuta Bali à Bon­di Beach en pas­sant par le Maroc et Cuba? Aujour­d’hui je maîtrise la théorie et suis tou­jours aus­si inca­pable. La leçon est don­née au camp­ing, devant la camion­nette: courants, bahines, “duck div­ing”, etc. Sur les quais nous louons une planche et cha­cun son tour Aplo, Luv, même moi — pen­dant quelques sec­on­des, mais la mer est déchaînée — nous mon­tons sur la planche, nous surfons.