Maison

Chaudière à l’ar­rêt. La ques­tion étant: “quelle tem­péra­ture annonce-t-on pour cette nuit?” Puis au réveil: “trou­verai-je quelqu’un pour répar­er avant les Rois mages?” D’au­tant plus que les gens du coin, dégoûtés par les annonces du jour (l’in­ter­dic­tion pronon­cée par le prési­dent provin­cial de voy­ager pour voir sa famille pen­dant les fêtes), n’ont pas le cœur en joie.

Paris

Coqueluches lit­téraires qui savent n’ex­is­ter que par les jour­naux, soit leur image et nom répétés, matraqués. Elles — leurs textes — durent aus­si longtemps que dure l’én­ergie investie dans le rap­port de compromission.

N.R.

Nou­veaux romanciers — la pré­face explique ce qu’on lira. Dans son intro­duc­tion, l’au­teur explique ce qu’il va faire. Dans le texte, l’au­teur explique com­ment il fait ce qu’il fait. Cri­tique dénuée de jalousie, encore moins de méchanceté, puisque j’ad­mire Robbe-Gril­let comme Butor et ne taris pas d’éloges sur Robert Pinget (quant à Sar­raute, je n’ai jamais pu la lire).

Avent

Suis allé couper un sapin sur la pente. Cette année, avec pru­dence. La folie règne, et l’ab­surde, un scan­dale. La semaine dernière, un ami paysan qui coupait un buis­son a été arrêté par les gardes civiles. Ce matin, à peine bu le litre de café, j’ai pris la hache de Cuen­ca. L’opéra­tion se voulait mod­este. Noël passé, je me suis emparé d’un arbre de 3,5 mètres. Un tel arbre ne se trans­porte pas à mains nues. Cette fois, j’ai repéré un nain. L’ai mis à terre, l’ai caché. Au soleil tombant, je sui revenu le pren­dre. Puis je l’ai décoré et agré­men­té de bou­gies et de guir­lan­des, de boules et de bas rouges, de bas aux fig­ures de Pères Noëls dans lesquels j’ai glis­sé de grosse bou­gies pour don­ner la forme. Le sapin se dresse entre le bûch­er et le poêle. A son pied, j’ai déposé des cadeaux pour le enfants. J’au­rai tout loisir de les regarder puisque le soir venu, ils ne vien­dront pas.

Expérience de vie

Il vida sept ver­res de grena­dine, fixa la pomme posée par sa mère sur le guéri­don, la cro­qua, s’é­trangla, mou­rut et se sen­tit mieux.

Assez! (10)

“Dans un état libre où l’on vient d’usurp­er la sou­veraineté, on appelle règle tout ce qui peut fonder l’au­torité sans borne d’un seul; et on nomme trou­ble, dis­sen­sion, mau­vais gou­verne­ment, tout ce qui peut main­tenir l’hon­nête lib­erté des sujets.” (Mon­tesquieu, Grandeur et déca­dence, Chap. 13).

Voyage

Certes, il n’y a rien ailleurs qui per­me­t­trait comme par magie de se quit­ter pour se retrou­ver autre. Ici comme là, on demeure pareil à soi-même. Et cepen­dant existe bel et bien un effet psy­chologique au dépayse­ment. Une façon de se fauss­er com­pag­nie, de se dédou­bler, de jouer à cache-cache avec soi-même qui con­tribue à la santé.

Intelligence

Ce qu’il y a de plus étranger à notre car­ac­tère peut être rejoint par une sorte d’ig­no­rance sacrée.

Altruisme

Jamais mon­tré grande com­pas­sion pour les douleurs des autres (ayant pris l’habi­tude de faire taire voire de nier mes pro­pres douleurs comme m’y invi­ta d’emblée ma famille), de sorte que je suis éton­né lorsque quelques autres mon­trent de la com­pas­sion pour mes douleurs.

Assez! (9)

 Ne pas mourir n’est pas le but de la vie. Le but de la vie est la vie.