Madrid 2

Hôtel d’ar­chi­tec­ture fran­quiste dans le quarti­er de Cham­berí. Com­mode, tiède, calme. Comme dit Mafille: “juste après, c’est l’Amérique. En effet, passé Cua­tro Caminos la pop­u­la­tion brunit, zéza­ye, mange des tacos et du riz. Quant à Mon­père (qui vivait dans la cap­i­tale en 1975), il cause avec un vieux gar­di­en d’im­meu­ble et racon­te : “lui et moi nous sou­venons qu’i­ci com­mençaient les champs”.

Madrid

Pas fer­mé l’œil de la nuit. Ain­si en va-t-il des change­ments de régime. La fatigue vous rat­trape, elle vous empêche. A six heures, je prends la route pout Madrid. Les enfants arriveront en avion, de Genève. Il sont trois, car les accom­pa­gne l’amie d’Ap­lo. Crainte d’être arrêté par la Garde civile, Mon­frère ayant dénon­cé mes plaques, mais non, c’est le désert, le soleil, la plaine immense. Et soudain la cap­i­tale, toni­tru­ante, dure, emmêlée. L’or­di­na­teur de bord me guide jusque dans un ter­rain vague où j’ai loué par inter­net une place “à long terme”. Un Roumain assisté d’un Chilien assisté d’un Ukrainien, me font gar­er, encais­sent et me con­duisent au Ter­mi­nal 1. Une minute plus tard, les enfants sur­gis­sent de la porte des arrivées: je ne les ai pas vus depuis septembre. 

Printemps 2

Au cour­ri­er les Droits d’au­teur d’Al­lia pour easy­Jet, Forde­troit et H+ pour l’an­née 2023. Au prix cor­rigé du litre de diesel, ils me per­me­t­traient de rouler 800 mètres avec mon van — j’ai touché CHF 2,50.-.

Printemps

Derniers jours d’un long tra­vail d’écri­t­ure. L’ar­bre est élagué, j’ai coupé l’herbe. Il pleut. Au jardin, il reste 800 kg de bois, j’ai en cave un demi-plein de mazout. Ce matin, pas besoin de pren­dre place à table, de pour­suiv­re ou de repren­dre l’es­sai (G&G). Il repose. Un café, une bière, des noix, je lis un peu sur les désor­dres du monde. Der­rière les Pyrénées, la France s’ef­fon­dre. Ici, le silence règne. Les oiseaux sont revenus. Je les écoute. J’é­coute Slim­gore, Tod Rund­gren et Still Cor­ners, je cui­sine de la viande. La viande est de plus en plus mau­vaise. Les crus­tacés, c’est pire. Ils arrivent en avion. Je m’en­t­hou­si­asme pour les légumes et le vin. Ils ont l’odeur de la terre locale. En fin de journée, arrive par mail un ques­tion­naire. Une revue s’in­téresse à mon théâtre. Est-ce que je me sou­viens encore d’en avoir écrit? Je réponds avec cour­toisie et con­ci­sion. Le lende­main, le rédac­teur de cette Let­tre du théâtre romand demande : “vous ne voudriez pas en dire un peu plus, que l’on sache qui vous êtes?”.

Fonction

Il n’y a pas d’is­sue. Je sais pou­voir la trouver.

G&G

Tra­vail con­tinu sur l’es­sai Gou­ver­nance et Gam­ing. Les heures sont comp­tées, répar­ties, hon­orées. Et je peine, je fatigue. Passé les lec­tures de ma petite bib­lio­thèque, je pen­sais me débar­rass­er de l’écri­t­ure en trente jours. Main­tenant il faut tout recon­sid­ér­er. Les raison­nements sont potach­es. Aus­si me tiens-je à mon horaire de potache: lever à 10h24 (rythme biologique), je m’assieds au bureau à 12h00. Là je coupe l’in­ter­net car j’ai ces jours des sif­fle­ments dans l’or­eille cat­a­strophique qui en font une cav­ité sanglante et je me mets à mes phras­es. Deux heures plus tard, j’ar­rête. Je cui­sine. Des légumes, surtout des légumes, encore des légumes. Avant de repren­dre les cor­rec­tions, j’al­lume le feu. Fin d’après-midi, quand baisse la lumière, je soulève des poids ou je fais du vélo, ou encore je rejoins au vil­lage les voisines qui font des Pilates (mar­di et jeu­di). Puis c’est la bière, l’é­coute poli­tique du monde, le chantier des perdi­tions, et enfin il est minu­it, je vais au som­meil, et je prends avant de plonger dans le noir quelques notes pour le redé­mar­rage matuti­nale des prochaines cor­rec­tions ou je lis Simenon, Stiegler, Gorki. 

Suisse

La Suisse est le seul pays au monde où la petitesse est un gage de réussite.

Europe

Ce que la représen­ta­tion à Brux­elles pro­pose aujour­d’hui, c’est un pro­gramme de vie artificielle.

Essai

Ecrire un essai c’est comme aller chercher une pierre par vingt mètres de fond. Il faut que l’on voie la pierre. Que l’on puisse suiv­re ta plongée. Que tu rap­portes la pierre et que l’on puisse véri­fi­er que c’est la bonne pierre.

Philosophie

La philoso­phie est plus intel­lectuelle qu’in­tel­li­gente. Elle établit des liens qui n’ex­is­tent pas. Ce faisant ils existent.